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Depuis toute petite, je papillonne, je vais de fleur en fleur et de fragrance en fragrance. Le sens olfactif me fascine. J'aime partager mes coups de coeur, mes déceptions, mes senteurs préférées dans cet espace d'échange magique qu'est Internet. Ici, on parle donc principalement parfum, mais pas que !

Dzongkha (L'Artisan Parfumeur) ou le langage du coeur ...

Crédits : Papillon des Senteurs (Dzongkha, flacon personnel et booklet de l'album Square 1 de Charlie Winston)

Crédits : Papillon des Senteurs (Dzongkha, flacon personnel et booklet de l'album Square 1 de Charlie Winston)

Je n'ai plus le souvenir exact du jour où j'ai découvert Dzongkha pour être honnête, c'était certainement un jour où j'avais eu la chance de pouvoir mieux connaître les jus que proposait l'Artisan Parfumeur, cette maison qui m'attirait beaucoup.

Je sais que j'avais beaucoup aimé à cette époque Mûre et Musc, Premier Figuier, Patchouli Patch, Ambre Extrême, Havana Vanille ou encore La chasse aux papillons (évidemment) et j'avais le désir secret d'un jour pouvoir en porter un.

Le temps a passé, j'ai fini par en acquérir quelques uns au fur et à mesure des années. Puis la maison a été rachetée et sentant le vent tourner, en bonne perfumista je suis partie à la quête des derniers flacons avant refonte du catalogue et hausse des tarifs (spéciale dédicace à Serge Lutens notamment dans le même style).

Je me suis donc délectée de Nuit de Tubéreuse, Al Oudh et des grands classiques, plutôt en petit format pour tester, puis le sublime Séville à l'aube dont je reparlerai certainement. Enfin, les curieux Dzing et Dzongkha sont revenus à mon bon souvenir et j'ai sauté sur l'occasion.

Je les ai, en toute honneteté, économisés durant les mois qui ont suivi, les réservant à quelques dimanches par ci, par là.

Puis, je suis rentrée l'an dernier dans une période particulièrement compliquée et j'ai souhaité marquer le coup de retrouvailles avec un être cher en parfum, un an et demi après Barcelone (mes fidèles lecteurs comprendront). J'ai donc en toute logique sollicité les conseils de mes amis perfumistas pour brainstormer et trouver le jus adéquat.

Je connaissais déjà la thématique que je souhaitais donner à ce parfum, cette dernière étant de l'ordre du spirituel (au sens large du terme), et c'est tout naturellement que j'ai décidé de marquer cette journée par l'encens. J'aurais pu avec évidence choisir d'utiliser quelques précieuses gouttes de mon dernier flacon d'Elixir de Penhaligon's mais ce parfum avait déjà marqué une journée quelques mois auparavant et je souhaitais que les deux jours se distinguent bien.

De nombreuses jolies fragrances m'ont ainsi été conseillées par mes amis, quand soudain, une copine perfumista qui me connaît bien me propose Dzongkha. Cela fait sens assez vite, mais je prends le temps de retester les propositions qui m'ont le plus interpelées (dont L'orpheline de Lutens) avant de faire mon choix. 

Il faut me rendre à l'évidence, à quelques jours du jour J, cela sera certainement Dzongkha sauf changement de dernière minute.

Il faut avouer que ce parfum m'a émue en le portant de nouveau ce week-end là, à cinq petits jours de la journée tant espérée, une journée qui s'annoncait prometteuse et parfaite, tout simplement.

Dzongkha m'a semblé tout à coup très difficile à catégoriser, mais en même temps, quoi de mieux que ce parfum pour passer du temps avec une personne rare, elle-même impossible à qualifier, les mots manquants et réduisant à une piètre description qui contraint et formate une personnalité aussi peu ordinaire qu'attachante.

A titre personnel, je déteste quand on me range dans une case quelle qu'elle soit, alors je ne le ferai jamais pour les gens que j'aime. Au mieux je tente de décrire ma vision de leur singularité et ce qui fait que je les apprécie tant, mais ce n'est en rien une sorte de liste exhaustive qui classerait de manière irrévocable.

Bref, revenons-en justement à Dzongkha, impossible à ranger dans une famille olfactive pour moi tant sa structure est dense et évolutive. 

Ce que j'aime en lui c'est justement ce paradoxe entre une complexité apparente et la facilité avec laquelle on se l'approprie, devenant une composante de la peau qui le porte.

Cela m'évoque ce que disait Charlie Winston à l'occasion de la sortie de son dernier album Square 1 l'an dernier : faire simple est l'une des prouesses les plus périlleuses qui soient car ce qui paraît simple (à l'oreille par exemple), ne l'est souvent pas en définitive. L'artiste a quant à lui réussi son pari soit dit en passant, en témoignent plusieurs titres de cet album qui sont de pures merveilles (Airport, Rendez-vous, Losing touch, Get up stronger par exemple). Même le premier single The weekend, chanson que certains ont qualifiée de moins travaillée que ce que l'artiste a pu proposer parfois, possède en fait une étonnante complexité (ce n'est pas ma prof de sport qui va me contredire, elle regrette déjà d'avoir accepté le défi de la décortiquer pour une chorégraphie). Fin de la parenthèse ;)

Il en est de même pour les parfums selon moi, parfois à vouloir faire simple on se trompe totalement, dénuant d'intérêt et d'émotion le propos initial ou au contraire, lui conférant une rudesse, une dissonance en voulant trop l'épurer. Ou alors on relève le défi avec brio et cela s'appelle de la virtuosité.

Dzongkha est un parfum qui d'emblée, réussit à transporter dans un ailleurs mystique, mêlant fumées d'encens à une rose caressante, iris poudreux et cuir goudronneux, cèdre mystérieux et vétiver moussu à un thé chai d'une douceur infinie. Sur la peau, il font l'effet d'un baume de massage, enveloppant et réconfortant, présent mais subtil. Le retester m'a amené une palette de sensations et d'émotions indescriptibles, mais aussi l'impression d'être entourée de beauté, la beauté du cœur et de l'esprit, laissant mon esprit vagabonder entre mon for intérieur et l'inconnu.

Il est un tout qui comme l'eau, va d'un bord à l'autre sans se laisser attraper, entourant le corps et l'âme de sa beauté, soulageant le cœur sans qu'on s'en aperçoive (ne demeure que l'addiction au final pour s'en rendre compte).

Le jour J arriva soudain et comme souvent avant les moments qui comptent, je n'arrive pas à me focaliser sur ce que je fais, je papillonne et me disperse, laissant l'heure filer inévitablement. Je n'étais donc pas en retard car je n'aime pas cela, mais pas en avance. Incapable de me décider entre deux tenues, ne parvenant pas à me coiffer comme je le souhaitais, manquant de faire tomber une boucle d'oreilles récalcitrante dans le siphon du lavabo.

Cependant, avant de me parfumer j'ai retesté les diverses options et Dzongkha fut la seule évidence. Cela me donna soudain un sursaut de confiance, il fallait y aller, tout aller bien se passer. Déjà mon cœur était là-bas, tambourinant dans ma poitrine comme s'il voulait s'en échapper.

Quelques petites mésaventures plus tard, le signe que j'attendais ne tarda pas, confirmant l'intuition que tout allait se passer de la meilleure manière qui soit. 

Le temps fila, l'euphorie montant au fur et à mesure du temps passé avec mes amis, au gré de la musique vibrant dans mon cœur et coulant dans mes veines et de quelques clichés pour figer l'instant.

Puis le moment est venu et on se rend soudain compte que l'évidence est toujours là. Il est des personnes qu'on semble connaître depuis toujours et qui, malgré le temps passé loin l'une de l'autre, ne manquent jamais de nous accueillir le plus simplement du monde, avec une sincérité et une bonne énergie qu'on ne peut que rendre en miroir. On se trouve et on se retrouve comme si l'on ne s'était jamais vraiment perdus, comme si l'on savait, au fond de soi, ce que l'autre a vécu et vit rien qu'en se trouvant face à lui. Les bonnes ondes irradient, les regards et les sourires parlent d'eux mêmes. Tout se fait aisément, sans fard, on ose dire ce que l'on a au fond de soi, on ose parler en étant soi même, demander ce qui semblait difficile à aborder, ou alors les mots sont superflus et on se comprend sans se parler. Soudain on se saute dans les bras, qu'importent l'heure et les gens, seul compte l'élan de l'âme. Dzongkha est là à chaque instant et laisse son empreinte dans l'atmosphère, sur les étoffes et dans le cœur.

Le temps passe toujours trop vite quand on est dans un tel état de connexion et de plénitude, mais certains instants semblent suspendus et c'est le plus beau, ce qu'on n'oubliera jamais.

On sort alors dans le froid de novembre sans manteau parce que soudain, on se sent invincible. Quelques gouttes de pluie tombent et révèlent la beauté humide de Dzongkha, l'instant est magnifique et on boit jusqu'à la lie le nectar enivrant, les endorphines et les éclats de rire partagés avec les témoins de cette journée merveilleuse. Puis il faut se résigner à partir, quitter cette parenthèse mystique pour retrouver son lit confortable même si l'on sait que l'on n'arrivera pas à dormir de sitôt. De retour chez soi, tâcher de ne pas réveiller les siens malgré la fébrilité heureuse qui nous étreint.

A l'aube, je me suis réveillée et je me suis demandée si ce n'était qu'un rêve, mais mes draps sentaient Dzongkha et tout m'est revenu soudain, me donnant la force d'affronter une dure journée de labeur.

Définitivement, Dzongkha fut l'un des meilleurs choix qui soit. On aurait dit qu'il me portait, me donnant l'occasion de laisser mon âme s'exprimer sans pollution extérieure, me donnant une assurance qui ne m'est pas toujours coutumière. Je savais où j'allais, tout bonnement, et c'était délicieux. Ainsi, Dzongkha restera l'un de mes plus beaux souvenirs olfactifs, comme un secret, mais aussi un câlin bienveillant, un doudou de plus. 

Le nom de ce parfum, Dzongkha, mystérieux également, réfère à un dialecte tibétain qui est la langue officielle du Bhoutan, mais pour moi, s'il parle un langage, c'est avant tout celui du coeur ...

 

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papillondessenteurs.over-blog.com

Si l’on en croit mes proches, je suis à mi-chemin entre le rayon de soleil et un papillon qui aime se laisser guider par les fleurs et les effluves qui l'entourent. Femme de la trentaine, curieuse insatiable, passionnée qui se soigne (ou pas). Amatrice de musique et d'art sous toutes ses formes, amoureuse de la nature, hypersensible et fière de l'être, voici quelques détails de plus sur la personne que je suis mais plus que tout, je n'aime pas être enfermée dans une case !
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