Le bonheur se choisit

Photo personnelle, prise quelque part en Occitanie (mai 2023)

J'écris cette réflexion en direct de la plage, mi Mai 2023, alors que le tumulte estival n'a pas encore frappé. Nous sommes peu nombreux au bord de l'eau, et encore moins nombreux à nous baigner (l'eau à 15°C et le vent incessant ne font pas d'émules ce jour là). Cependant, ce calme peuplé du bruit des vagues et des chants moqueurs des goélands a quelque chose d'infiniment relaxant. J'aime venir ici car outre l'étendue de sable infinie et l'horizon plutôt dégagé, il y a beaucoup d'oiseaux, de poissons et de coquillages à proximité du rivage car le lieu est bordé de digues et de rochers où tous ces petits êtres trouvent refuge. Une sensation méditative s'en dégage, accompagnée d'une odeur d'embruns assez marquée, qui me rappelle les plages du Var que j'aimais tant dans mon enfance.

Cette odeur peut en incommoder certains, mais pour moi c'est cela, l'odeur de la mer. Je déplore trop souvent désormais ces plages comme aseptisées, où l'on arrive sans en sentir l'identité olfactive tant elle paraît inexistante. Cela crée une forte dissonance cognitive en moi et m'empêche en quelque sorte d'en ressentir complètement les bienfaits, comme si l'énergie était contenue et brouillée.

Tout cela pour vous dire que cet endroit est parfait pour réveiller mes mots endormis. Pourtant, j'ai tant de choses à dire, mais mes pensées restent définitivement bloquées, emprisonnées dans mon esprit bouillonnant. Beaucoup de choses se bousculent en ce moment.

Depuis quelques années, je suis dans une phase de réflexion profonde sur ma vie. Beaucoup de maux ont affecté mon corps surchargé et cette étape de mise en abyme était non seulement nécessaire, mais surtout vitale. En un peu plus de dix ans de vie, j'ai traversé des épreuves infinies et en bonne optimiste, je n'ai eu de cesse de penser que l'orage allait passer. Il n'en a rien été, les années se sont suivies et sans crier gare, ce flot continu d'épreuves a continué à se déverser sur ma route. Je suis arrivée à un moment où j'ai envie de dire "stop". J'ai le droit à une vie plus sereine, j'ai le droit de ne pas reproduire les schémas familiaux dysfonctionnels, j'ai le droit d'arrêter de culpabiliser dès que je touche le bonheur du doigt ou simplement quand je me choisis MOI.

Grâce à certaines personnes exceptionnelles qui m'entourent et alimentent mes réflexions, j'ai eu de nombreuses prises de conscience et ce n'est que le début, mais pour la première fois de ma vie, il me semble que tout se mette en place, pierre après pierre, éveil après éveil, effondrement après effondrement. En effet, il ne faut pas se leurrer, le chemin vers la vie qui nous attend, la vraie, prend parfois du temps à se dessiner nettement et implique des changements qui ne se font pas sans tourment ni perte. Plus le chemin est jonché d'obstacles, plus le bonheur sera grand comme on dit. 

Je n'ai pas encore réponse à tout mais mon questionnement majeur en ce moment, sans masque, est le suivant : quand la vie semble s'acharner à nous envoyer des épreuves, sommes nous condamnés à endurer cela jusqu'à la fin ? Est ce un moyen de nous préparer à un futur plus grand ou des signes de l'univers que l'on s'est un peu égaré en chemin ? Oui, vous savez, comme ces périodes où l'on tombe, se brûle, se blesse, jusqu'à ce qu'on comprenne que l'on a un enseignement à en tirer, que ce ne sont que des signaux d'alarme ...

Une personne de confiance m'a dit récemment que j'entrais dans un cycle d'évolution sans pareil et que quand j'aurai suffisamment avancé, je serai encore davantage alignée avec la personne que je suis réellement. Selon elle, cela fera naturellement le ménage : les personnes qui m'aiment pour ce que je suis véritablement l'accepteront et seront ravies de me voir épanouie et en paix ; les autres s'éloigneront jusqu'à, de manière extrême, sortir de ma vie s'il le faut. D'autres personnes, plus proches de mon moi profond, seront attirées par ces vibrations qui répondent aux leurs et entreront ou prendront une place centrale dans ma vie. Il en sera de même pour les situations qui prendront la tournure qu'elles doivent prendre.

Ce cycle est inéluctable, il fait peur mais c'est pour plus d'harmonie et surtout, sortir de cette spirale, ce cocon devenu étouffant. Bientôt le papillon volera de ses propres ailes, sans fard, vulnérable mais fidèle à mon essence, ce qui fait de moi la personne que je suis, et que j'ai toujours été au fond. Cette personne que peu de gens connaissent vraiment (car je suis une personne assez secrète et discrète), hormis des très proches avec qui je n'ai pas peur de me montrer telle que je suis.

Je suis une véritable introvertie et je dois admettre que j'ai laissé cette caractéristique se mettre en retrait pendant trop d'années, alors même que j'aime certaines facettes qui la caractérisent (il en a été de même pour mon hypersensibilité d'ailleurs). Cela ne fait pas de moi une moins bonne personne que les autres, j'ai juste besoin de plus de temps de solitude pour me recharger. J'aime voir du monde, mais mon monde intérieur est tout aussi important. J'aime créer, écrire, m'exprimer par d'autres biais que la parole, et c'est totalement valable. Enfin, quand je me sens en sécurité, je peux aussi être une grande bavarde (certain.e.s pourront en attester ;) ). J'arrive à un âge où il est temps que je m'assume telle que je suis, avec mes défauts et mes qualités. On ne fera jamais l'unanimité et c'est sans doute mieux ainsi.

Durant cette année cruciale, tous mes efforts iront en ce sens - me rapprocher de mon moi profond et l'écouter - et je suis déterminée à ne me m'égarer à nouveau, à ne pas laisser les certitudes, les peurs, les jugements extérieurs et les anciens schémas de pensée décider pour moi. Arrêter aussi l'autosabotage que j'ai hélas tant pratiqué sans en avoir réellement conscience sur le moment. Etre aussi plus douce et tolérante avec moi même, comme je sais l'être avec les autres.

Mon coeur sait, il faut que je lui laisse la place qu'il mérite et je ne peux que vous conseiller d'en faire autant parce que non, nous ne sommes pas condamnés à la souffrance, même si elle est profondément ancrée dans nos histoires familiales.

Je rajouterais enfin que vivre dans la culpabilité, le sacrifice, n'est pas vraiment vivre, et je veux dépasser cela, sans pour autant perdre l'empathie qui me caractérise. Difficile mais encore une fois nécessaire et vital.

Alors que je termine ces lignes, le vent s'est renforcé et ma serviette de plage est à présent recouverte de sable, mon carnet aussi. C'est une jolie synchronicité : je balaie d'un revers de main le sable superflu, tout en sachant qu'il reviendra, mais je m'en fiche après tout, car la gravité fera son oeuvre au moment voulu. En attendant, je vais me jeter à l'eau, parce que l'eau et la mer m'ont toujours portée et ont toujours éclairé mon chemin, comme sur ces plages du Var de mon enfance. Certains grains de sable reviendront à la mer et tels les goélands, je me laisserai porter par les vagues, je reviendrai à la rive quand ce sera le moment.

Lâcher prise et écouter le véritable cycle de la nature, voici le bel enseignement du jour.

PS : Une personne chère à mon coeur a dit un jour "Be happy, it's a choice" et je m'en souviendrai toute ma vie. Je pense que cette phrase est complètement vraie. Lâcher prise pour changer ce qui doit l'être ou simplement laisser partir ce qui entrave, c'est aussi une décision. A méditer !

PS2 : Merci à mon amie qui m'a soufflé de poster un article sur un sujet aussi personnel, sans toi je ne l'aurais peut être (sans doute) pas fait ! :)