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Depuis toute petite, je papillonne, je vais de fleur en fleur et de fragrance en fragrance. Le sens olfactif me fascine. J'aime partager mes coups de coeur, mes déceptions, mes senteurs préférées dans cet espace d'échange magique qu'est Internet. Ici, on parle donc principalement parfum, mais pas que !

Ambre Russe de Parfum d'Empire, l'empreinte olfactive d'un voyage inoubliable

Ambre Russe de Parfum d'Empire, l'empreinte olfactive d'un voyage inoubliable
Ambre Russe de Parfum d'Empire, l'empreinte olfactive d'un voyage inoubliableAmbre Russe de Parfum d'Empire, l'empreinte olfactive d'un voyage inoubliable

Je pense vous avoir déjà confié à quel point j'appréciais Parfum d'Empire, la marque portée par le talentueux Marc-Antoine Corticchiato (au minimum évoqué sur les réseaux sociaux). Parmi leurs nombreux trésors, j'avais déjà craqué pour l'élégant Cuir Ottoman et plus récemment pour le très audacieux Tabac Tabou (cf. article sur l'Olfactorama 2016) mais je pense que je n'avais jamais pris le temps de me pencher sur Ambre Russe avant cette année. En effet, je possède déjà plusieurs ambres dans mon "dressing olfactif" et je pensais à tort avoir fait le tour de la question. Grossière erreur !

C'est ainsi que, grâce à un échantillon reçu lors d'un achat et à un petit décant récupéré il y a quelques mois, j'avais pu partir à sa rencontre à l'occasion d'un déplacement professionnel. Je me rappelle avoir transité par Paris Gare de Lyon et m'être réfugiée à plusieurs reprises dans ses effluves réconfortants (à cause du temps humide et du stress ambiant). Etrangement, même si je l'avais beaucoup aimé, le climat environnant assez pesant ne m'avait pas aidée à le décrypter avec attention et à mon retour, il était resté sagement dans ma trousse de toilette à m'attendre.

C'était sans compter ce voyage impromptu à Barcelone qui a remis Ambre Russe entre mes mains pour mon plus grand plaisir il y a quelques semaines. Cela faisait plusieurs années que je souhaitais prendre le temps de visiter cette ville dont on me parlait tant et que je n'avais fait qu'apercevoir au gré de mes transits (dont bien souvent par son aéroport, fort bien conçu d'ailleurs).

Puis mes proches m'ont organisé ce voyage surprise dans mon dos, je ne saurais leur en vouloir évidemment tant l'intention était louable et l'occasion inouïe d'allier deux objectifs sympathiques comme le savent ceux qui me suivent. J'ai appris notre départ très peu de temps avant, ce qui ne m'a pas laissé beaucoup de temps pour le préparer, ni pour faire mes bagages avec autant de rigueur qu'à l'accoutumée (oui, je peux être assez pénible quand il s'agit de faire ma valise). Ainsi, au moment de choisir mes parfums, j'ai redécouvert la présence d'Ambre Russe et j'ai décidé de l'amener, accompagné de l'Exclusif Chanel Coromandel, fort joli aussi, et me semble-t-il de Nuit de Tubéreuse de l'Artisan Parfumeur.

Au moment de partir de chez moi, j'avais assez logiquement sélectionné Sicily comme allié du jour (parce qu'il m'évoque l'esprit latin et j'aime lui associer des souvenirs heureux). Une fois arrivés sur place, l'atmosphère de la ville m'a séduite avec une immédiateté assez peu commune (en véritable provinciale, bien souvent les grandes villes m'angoissent plus qu'autre chose). Mais Barcelone exhale une chaleur, une joie de vivre et une certaine sérénité qui fait qu'on s'y sent bien, qu'on a envie de tout voir, tout tester et de flâner, tout simplement. Riche en odeurs, en sons et en couleurs, elle a fait battre mon coeur avec intensité et apaisement à la fois. La présence de la mer à ses abords n'y est d'ailleurs pas étrangère à mon avis.

Durant notre première journée sur place, nous avons beaucoup marché mais concentré nos efforts autour de notre quartier de résidence, à savoir Poble Sec. Situé au pied de Montjuïc, c'est un quartier encore assez traditionnel, bohème et métissé où se concentrent les vestiges de l'époque industrielle de la ville (comme ces trois cheminées de brique rouge qu'on ne peut pas rater), des bâtiments assez anciens avec balcons en fer forgé, des bars à tapas et bodegas très traditionnels mais aussi des commerces un peu plus conceptuels, des ateliers d'artistes ou encore de nombreux petits (et grands) théâtres. Nous avons remonté toute l'avenida del Paralelo (Paral-lel) en direction de la célèbre Plaza de España, parcouru le Parc Joan Miró puis nous sommes repartis en direction du Musée national d'art catalan et du Jardin botanique, nous avons passé le stade olympique et nous nous sommes perdus dans les merveilleux triptyques de la fondation Miró. Nous avons fini par vagabonder dans les rues de Poble-Sec, un peu par hasard, en redescendant la colline de Montjuïc jusqu'à notre point d'ancrage, l'avenida del Parallelo donc.

Même si le printemps pointait tout juste quand nous y étions, il faisait une température très douce voire chaude pour la saison, avec un rien de brise venue de la mer pour ne pas étouffer, ce qui permettait à Sicily de s'exprimer dans de très beaux atours.

De retour à notre hôtel, nous nous sommes préparés pour le concert grandiose auquel nous allions assister ce soir-là et le parfum qui m'est apparu avec une évidence nouvelle à ce moment, c'était Ambre Russe. J'ai eu un instant d'hésitation avant de me parfumer car il faisait quand même relativement doux et un peu plus tard dans la soirée, j'allais me retrouver dans une belle salle de spectacle "muy caliente", entourée par des centaines de personnes, à danser et chanter sans retenue. Mais j'ai décidé que c'était ce parfum et pas un autre, et qu'en le dosant avec parcimonie il n'incommoderait pas trop (en tout pas plus qu'un patchoufruit ou autre sucraillon et laisserait un sillage plein d'élégance). En résumé, une attirance soudaine, inexplicable et irrépressible !

Dès les premières minutes, dans la salle d'eau de notre chambre, j'ai été subjuguée par son ouverture très alcoolisée qui enivre, évoquant tour à tour un vin pétillant comme le Champagne, puis une vodka sèche et aromatique. Ensuite, l'accord riche autour de l'ambre gris se dévoile, précieux, baumé, facetté et opulent, rendu unique par l'harmonie créée avec cette note de thé noir sombre et épicé (un thé russe évidemment), les effluves fumés d'encens et de cuir goudronneux que la vanille vient habiller d'un délicat cocon souple et liquoreux comme un rhum vieux.

Ce parfum donne l'effet d'une seconde peau veloutée tout en laissant un sillage présent qui, semble-t-il, n'indispose pas (bien au contraire).

En un sens, il présente quelques similitudes avec le fameux Cuir de l'aigle russe d'Oriza Legrand que j'avais beaucoup aimé durant l'Olfactorama.

C'est ainsi qu'il m'a habillée ce soir-là et m'a apporté beaucoup de réconfort. Malgré ma tenue vestimentaire étudiée mais assez détendue pour l'occasion, il m'a donné l'impression de porter une belle veste en cachemire douce et moelleuse, chaleureuse et protectrice.

La soirée a démarré de cette manière, les effluves d'Ambre Russe se répandant avec délice dans les rues animées de Barcelone alors que nous cherchions un restaurant où manger rapidement avant le spectacle. Ce soir-là, il y avait encore un léger vent et à chaque fois qu'il se renforçait un peu, ou alors quand je devais faire un grand pas de côté pour laisser passer une personne sur le trottoir, il se rappelait subtilement à mon souvenir comme le bras d'un ami qui console et panse toutes les blessures de l'âme, un ami toujours là même si on l'oublie parfois dans le tourbillon de la vie.

Ce n'était que le début de la soirée mais je savais d'ores et déjà que ce parfum serait associé à Barcelone pour toujours dans ma mémoire.

Puis la soirée s'égrena un peu et vint une surprise de la vie comme il en arrive trop peu souvent, mettant par hasard sur ma route une personne qui compte beaucoup pour moi. Nous avons discuté pendant cinq petites minutes mais comme on dit chez moi, il vaut mieux quelques mots, regards et sourires échangés sincères et intenses avec des êtres qui nous sont chers que des journées entières à combler le vide avec des personnes qui ne nous apportent rien ou nous désolent. C'est mon côté entier qui parle là ...

Toujours est-il que durant ces cinq minutes pleines d'émotions (je pense même avoir rougi à un instant précis), comme à l'accoutumée la chaleur corporelle a réveillé mon parfum, mon bel Ambre Russe qui commençait tout juste à somnoler, pour le faire ronronner de plus belle. Cela a ainsi définitivement ancré ce parfum à ces instants pour mon plus grand bonheur, au même titre que ce sourire radieux et cette bise qui m'ont accueillie, ce bras ami (réel cette fois-ci) qui m'a étreint quelques secondes, ces quelques mots pleins de symbolique au moment de nous quitter. 

Puis, l'heure du concert est arrivée et Ambre Russe n'a pas cessé de se rappeler à moi au gré de mes émotions, de mes mouvements et de l'atmosphère qui se réchauffait au fur et à mesure du temps. L'ambiance intimiste et chaleureuse, le théâtre aux lourds rideaux rouges et ses balcons de verre, les chants du public se mêlant à la générosité de l'artiste ... Tout se mariait parfaitement avec les sensations procurées par cette merveilleuse création de Parfum d'Empire, comme une sorte de mystérieuse intimité.

Puis arriva le moment d'émotion inattendu du concert, une annonce très sincère et touchante qui a mis mon coeur sens dessus - dessous, m'a fait frissonner littéralement et mon parfum m'a encore une fois apporté un réconfort bienvenu à cet instant précis, notamment par ses baumes et sa vanille veloutée enveloppante.

Après deux heures de bonheur, le concert toucha à sa fin vers 23 heures et sur le chemin de mon hôtel, le coeur tiraillé entre la joie, l'envie de rester à la salle de spectacle, ma tristesse, mon habituel doute et ma peur de déranger, je me réfugiais dans mon blouson encore imprégné de parfum pour y trouver un peu de douceur et de bien-être après le choix déchirant que je venais de faire. Pour le clin d'oeil, en y repensant je me rappelle que la lumière jaune des lampadaires de la rue donnait une atmosphère ambrée au quartier, si bien que même les cheminées de brique paraissaient elles aussi presque mordorées, donc totalement dans le ton d'Ambre Russe.

Une fois arrivée à l'hôtel, l'insomnie a été l'une de mes plus fidèles compagnes car mon cerveau réfléchissait bien trop et les émotions vécues me submergeaient totalement. Les diverses conversations et discussions instantanées que j'ai eues ce soir-là m'ont aidée à évacuer tout ce qui me pesait et je pense en particulier à une discussion avec une autre personne que j'apprécie beaucoup, qui m'a profondément rassurée, émue et réchauffé le coeur par ses mots-pansements, rares et riches de sens. Au milieu de la nuit (pour ne pas dire au petit matin), je me suis décidée à tenter de sombrer dans le sommeil et c'est dans les bras de Morphée et d'Ambre Russe que j'ai fini par succomber pour quelques minces heures.

Les jours qui ont suivi ont été tout autant agréables et chargés en émotion, la ville de Barcelone reste vraiment l'un de mes plus gros de coeur. Nous avons visité une bonne partie des quartiers les plus distinctifs, observé avec étonnement et sous toutes ses coutures la Sagrada Familia, flâné dans le quartier gothique et sur Las Ramblas. Nous nous sommes arrêtés longuement vers Passeig de Gracia pour les maisons de Gaudi mais aussi les belles parfumeries de niche (notamment ébahie par la Basilica Galeria qui vaut la visite pour sa beauté et sa sélection dense et pointue). A ce propos, j'ai d'ailleurs résisté avec beaucoup de force à ne ramener ni parfum ni chapeau (il y a au minimum deux belles chapelleries à voir à Barcelone pour les amateurs).

Nous avons aussi pris le funiculaire et visité à pied Montjuïc, la colline emblématique de Barcelone, vu son fameux Castell et j'étais très heureuse de marcher sur les traces d'une partie de l'intrigue de Carlos Ruiz Zafon (la fameuse trilogie du Cimetière des livres oubliés qui m'avait tenue éveillée des nuits entières il y a quelques années).

Nous avons également très bien mangé et apprécié le goût de vivre des barcelonais (le monde dans les restaurants et bars en pleine semaine est vraiment impressionnant, avec une ambiance plutôt bon enfant d'après ce que nous avons constaté). Nous avons bien-sûr goûté la fameuse bière locale Estrella Damm qui, même si elle plutôt légère en comparaison avec ce que j'ai l'habitude de déguster, est une vraie institution ici (la marque était d'ailleurs mécène du festival de musique où nous sommes allés) et se révèle très agréable à boire malgré tout (et il semblerait que ses 5.5° soient du "hors taxe" comme on dit, car elle est parvenue à me faire piquer un fou rire dès la première chope pour tout vous avouer). Détente assurée !

Tout au long de nos visites, les senteurs diverses et variées, agréables ou moins attractives, ne manquaient pas : les embruns aux abords du port, l'huile chaude, les olives épicées et la charcuterie à l'heure des repas, les odeurs des différents ingrédients de qualité au fameux Mercat de la Boqueria (et les fumets de la délicieuse cuisine du chef El Quim, aussi talentueux qu'adorable), les parfums à sillages puissants de certains catalans et catalanes, les diverses fragrances des fleurs et plantes du jardin botanique, l'odeur de métal et de caoutchouc chaud du métro ou encore les odeurs douteuses de quelques rues moins passagères (pour ne citer que quelques exemples).

Par ailleurs, même si j'ai porté d'autres parfums comme Nuit de Tubéreuse de l'Artisan Parfumeur et le sublime patchouli chic Coromandel de Chanel (que je convoite depuis fort longtemps d'ailleurs), Ambre Russe n'a cessé de me hanter : quelques effluves envolés quand le vent balayait mes cheveux au lendemain de notre arrivée, un nuage invisible, délicieusement odorant, quand je remettais la fameuse veste, quelques notes révélées par la pluie tombée sur la ville le deuxième soir après notre arrivée ou encore à chaque fois que j'ouvrais ma valise.

Même quand il n'était pas là, il restait dans ma mémoire comme l'empreinte olfactive de ma visite à Barcelone, précieux, ronronnant, inoubliable, obsédant, sensuel, animal. Ambre Russe m'évoque ce ville époustouflante de par sa chaleur, sa complexité sous-jacente et l'ambiance douce et réconfortante qu'il dégage. Il a eu le pouvoir infini de m'apaiser dès les premières notes perçues, ce qui est déjà une prouesse en soi.

Ambre Russe a mis un certain temps à se révéler mais il est à l'image de ce voyage qui m'a apporté son lot de surprises, de coups de coeur, de rêveries et m'a permis, pour la première fois depuis de nombreux mois et en particulier depuis la fin 2016, de me sentir heureuse et épanouie, d'oublier mes problèmes et de vivre, de partager, de découvrir, de penser à moi, tout simplement.

De partager des moments exquis avec des personnes que j'aime, des personnes qui, comme Ambre Russe, ont su m'apporter la flamme et le réconfort nécessaire pour reprendre ma vie en main.

Même si je dois avouer que j'ai quelques regrets sur la conscience et un sentiment d'incomplétude, je garde un souvenir inoubliable de ce voyage, l'un des plus beaux cadeaux que l'on m'ait offert, et des envies, mais aussi de l'inspiration qu'il a éveillées en moi.

Comme le disait Oscar Wilde, "Les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais" et cette citation que j'adore traduit très bien ce que j'ai ressenti lors de ce voyage car ce n'était pas le moment idéal, je suis partie à Barcelone avec un peu d'inquiétude à divers sujets, mais ce fut finalement l'un des plus beaux voyages de ma vie et la charge symbolique qui lui est associée lui apporte encore plus de saveur. C'était un rendez-vous à ne pas manquer et je suis heureuse d'avoir pu vivre ces moments d'exception, d'avoir pu m'autoriser un peu de folie après tant d'épreuves endurées.

Suite à mon retour à la réalité, Ambre Russe est naturellement venu rejoindre mes parfums indispensables et bien que je veille à ne pas le porter trop souvent pour ne pas lui faire perdre de sa magie, sa simple présence dans mon placard, disponible pour une inspiration (respiration) rapide en cas d'urgence, suffit à me combler. Comme une photographie qui, à sa simple vue, redonne la force de se battre contre l'adversité, comme un beau rêve qui s'esquisse et qu'on ne veut pas laisser échapper ...

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papillondessenteurs.over-blog.com

Si l’on en croit mes proches, je suis à mi-chemin entre le rayon de soleil et un papillon qui aime se laisser guider par les fleurs et les effluves qui l'entourent. Femme de la trentaine, curieuse insatiable, passionnée qui se soigne (ou pas). Amatrice de musique et d'art sous toutes ses formes, amoureuse de la nature, hypersensible et fière de l'être, voici quelques détails de plus sur la personne que je suis mais plus que tout, je n'aime pas être enfermée dans une case !
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